27 février 2019

Charpenter la promotion du bois local

A l’heure de la transition écologique favoriser le bois produit localement dans la construction tombe sous le sens. Les territoires forestiers l’ont bien compris et s’attachent à valoriser leur production via des labels, des AOC, des certifications. Des initiatives qui commencent à porter leurs fruits. Zoom sur les dynamiques des régions alpines.


Présentée en avant première en France lors du Salon BePositive, dédié à la transition énergétique et numérique des bâtiments et territoires, l’exposition Triple Wood, réalisée dans le cadre de la SUERA (Stratégie Macro Régionale de l’UE pour la Région Alpine) met en scène 50 projets en construction bois de la Région Alpine. Une manière de valoriser des exemples de bonnes pratiques et d’utilisations intelligentes du bois en tant que matériau de construction que ce soit des ponts à longue portée, des immeubles spectaculaires de 24 étages, des logements abordables ou des méthodes de rénovation.

Parmi les 7 projets français sélectionnéssix constructions contiennent du bois certifié « Bois des Alpes », et deux du bois « Bois Qualité Savoie ».


Intérêts des labels

Fin 2018, le label AOC a été pour la première fois apposé à une production forestière : le Bois de Chartreuse. Mais ces démarches de certification ou de labellisation des bois locaux restent aujourd’hui majoritairement françaises et suscitent des réactions défensives de la part des producteurs européens.

Elles présentent l’avantage de générer de la valeur et de l’activité sur un territoire donné, en jouant résolument la carte de la qualité et de la traçabilité. Au delà d’une marque, c’est une politique de soutien aux bois locaux, qui s’accompagne d’investissements, participe à la modernisation et à la structuration de la filière.

En Auvergne Rhône Alpes, la dynamique de certification Bois des Alpes a généré près de 10 M€ d’investissements dans l’outil de production d’une vingtaine d’entreprises. Comme le souligne un scieur :

Le label Bois des Alpes permet de proposer des bois supérieurs en qualité à ce que l’on trouve à l’étranger et de garder la valorisation du bois chez nous, alors qu’auparavant, elle s’effectuait ailleurs et nécessitait ensuite d’importer les produits transformés.


Sensibiliser les acteurs publics

Dynamiser l’usage du bois local dans la construction exige d’agir sur la commande publique, car elle constitue un levier clef pour porter des projets d’envergure, à forte visibilité.

Ce qui suppose d’une part une formulation adaptée des appels d’offres publics (pour ne pas être en défaut sur le critère de la concurrence libre et non faussée), mais aussi un travail conjoint entre les collectivités donneuses d’ordre et les entreprises capables de mobiliser la ressource locale.

Plusieurs initiatives européennes vont dans ce sens comme le projet CASCO qui rassemble 11 partenaires de 6 pays de l’espace alpin. Porté en France par AURA-EE, il vise notamment à intégrer dans la commande publique des critères d’achat concernant l’empreinte carbone permettant de faciliter le placement du bois local et à susciter  de nouveaux processus de travail entre les collectivités maîtrise d’ouvrages, les maîtres d’œuvre et les entreprises.


En 2020, la France prendra la présidence de la SUERA et compte bien œuvrer pour faire reconnaître les démarches de soutien des bois locaux et accentuer le soutien financier de l’Europe à ces politiques territoriales durables. A suivre.
 

Crédit Photo : Patrick Morand