13 novembre 2019

Les fonds bois de Bpifrance : beaucoup plus que du financement pour faire croître la filière !

Bpifrance investit depuis 10 ans dans la filière bois au travers de fonds bois, des fonds d’investissement dédiés aux entreprises de transformation de la filière bois et de l’ameublement/agencement. Avec un apport de 50 M€ à ce jour, ces outils ont déjà accompagné 16 projets de développements industriels, de transmissions ou bien de croissances externes.

 

 

Le point avec Vanessa Giraud, Directrice d'investissements senior chez Bpifrance.

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Bpifrance a lancé son premier fonds il y a 10 ans suivi d’un deuxième fonds il y a 5 ans, pourquoi cet engagement de Bpifrance dans la filière bois ?

La France dispose d’une ressource stratégique mondialement disputée : le bois, et les industriels français ont besoin d’investir massivement pour pouvoir la transformer et être aux meilleurs standards de marché, dans un contexte de concurrence mondiale. C’est pourquoi Bpifrance est très attachée à la filière bois. Notre ambition est de nous engager aux côtés des entreprises pour stimuler l’industrie française du bois et pour développer son savoir-faire et ses emplois dans nos territoires… Un premier fonds bois a été créé fin 2009. Dédié essentiellement au développement industriel de la 1ère transformation, il court jusque fin 2021. Il a été suivi en 2014 d’une deuxième génération de fonds qui, lui, est en plus orienté sur les entreprises du meuble et de l’agencement tout en gardant un axe dans la 1ère et 2ème transformation du bois. Il cible également les projets de transmission, un des enjeux importants des PME de la filière. Parce nous sommes sur des temps longs nécessaires à l’industrie, ce fonds court jusque fin 2028.
Il y a 10 ans, il y avait peu d’investisseurs qui s’intéressaient à l’industrie de transformation du bois. Aujourd’hui, ils sont beaucoup plus présents.

Comment les fonds bois fonctionnent-t-ils ?

Chaque fonds bois a une période d’investissement, durant laquelle il investit dans des sociétés (2010-2013 pour le fonds 1 et 2014-2020 pour le fonds 2), suivie d’une période de gestion pour accompagner les développements des sociétés dans lesquelles nous avons investi (jusque fin 2021 pour le fonds 1 et fin 2028 pour le fonds 2). Nous avons reçu environ 500 dossiers depuis 10 ans (soit une moyenne de 50 dossiers reçus / an), et avons réalisé 16 investissements. Pour être retenu, un dossier doit présenter un plan de développement ou de transmission structurant, qui va être analysé par notre équipe pour passer en comité d’investissement pour accord. S’en suit une phase d’audits limités et la négociation de la documentation pour réaliser l’investissement.
 En fonction de la maturité du dossier, il faut compter 3 à 6 mois de délai. Et comme nous intervenons en haut de bilan, nous intégrons la gouvernance en tant qu’actionnaire minoritaire afin d’épauler le dirigeant sur ses choix stratégiques ou sur toute question sur laquelle il souhaite notre aide.

A quel type de projets, les fonds bois sont-ils destinés ?

Ils s’adressent aux entreprises de la 1ère et la 2ème transformation (scieries, panneaux, emballage, palettes), mais pas seulement, ils peuvent concerner le bois de façon plus général : l’agencement, le meuble, la construction bois, l’énergie…

Les entreprises financées réalisent en général un chiffre d’affaires de 10 à 70 M€. En revanche, notre règlement ne nous permet pas d’intervenir sur des entreprises de - de 5 M€ de chiffre d’affaires.

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La vocation du fonds est d’écrire avec les dirigeants de belles histoires patrimoniales, avec à la clé le développement d‘emplois qualifiés et un réel impact sur l’attractivité des territoires.
Grâce au premier fonds, 6 nouvelles unités de 1ère transformation ont déjà été financées. Pour la plupart, ce sont des scieries de résineux implantées sur toute la France, dans les Landes, en Savoie, dans le Morbihan, dans le Puy de Dôme…, mais nous avons aussi investi dans le panneau, la palette ou l’énergie bois avec ce 1er fonds. Au total, il a permis de financer plus de 150 M€ d’investissements productifs. Avec le fonds 2, nous avons investi dans une menuiserie industrielle, un producteur de portes de placard, une entreprise de contreplaqué, un fabricant de meubles, des agenceurs, etc… Nous avons déjà réalisé 6 croissances externes avec ce 2ème fonds.

Qu’est-ce qui vous distingue des banques et des investisseurs classiques ?

Sur le bas de bilan, Bpifrance fait du co-financement avec les banques. De la même façon, nous co-investissons avec les investisseurs classiques en haut de bilan. Notre action vise à entraîner le marché à nos côtés, à faire levier sur les acteurs privés. Notre contribution va également au-delà de l’apport purement financier : nous apportons du conseil, du coaching. Le dirigeant peut nous solliciter à tout moment pour échanger sur son entreprise et ses choix stratégiques. Et comme nous sommes spécialisés sur la filière bois au sens large, nous avons une vision métier plus pointue à partager avec le dirigeant par rapport à un investisseur généraliste.

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Comment percevez-vous le marché au travers de l’évolution des dirigeants d’entreprise ?

Les lignes bougent, c’est clair ! Nous remarquons depuis quelques années, avec le renouvellement des générations dans les entreprises patrimoniales, que nous avons en face de nous des dirigeants jeunes et résilients, qui ne se reposent pas sur leurs lauriers. Les scieries doivent être de plus en plus automatisées et numérisées. Ils ont compris qu’il fallait investir massivement pour pérenniser leur structure. Dans les résineux notamment, les acteurs français ont fait un bon phénoménal grâce à des investissements lourds dans leurs équipements industriels. Ils sont en train de rattraper leur retard. Et puis, ils investissent de façon adaptée, en fonction du profil spécifique de la forêt française qui n’est pas monotypique.
Nous observons aussi que la première transformation et la construction bois travaillent de plus en plus ensemble (conséquence des investissements massifs réalisés dans l’industrie). Ce qui est de bon augure avec les marchés bois qui vont se développer dans la construction dans les prochaines années (France Bois 2024, etc…).

Quelles sont les perspectives pour le fonds bois ?

Nous réfléchissons déjà à la troisième génération du fonds bois. L’idée est de poursuivre les actions engagées en y ajoutant des briques pour toujours servir mieux cette filière. Nous démultiplions également les actions pour être un vecteur de croissance de la filière française. Au niveau du financement, aux côtés du traditionnel Prêt Participatif Bois (financements de 40 à 300 k€ sur 7 ans), nous avons lancé un nouvel outil dédié : le Prêt Filière Bois (financements de 300 k€ à 1 M€ sur 3 à 10 ans). Dans le cadre du Comité Stratégique de Filière Bois, nous venons également de lancer l’Accélérateur PME / ETI Bois, en partenariat avec le Codifab, France Bois Forêt et le Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation : un programme d’accélération de 24 mois fait sur mesure que vient d’intégrer une première promotion de 22 entreprises. Bpifrance veut devenir la banque du climat et elle est déjà la banque du bois.

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