Spécialisé dans la première et seconde transformation de bois feuillus, principalement du chêne de qualité supérieur, le Groupe Ducerf aborde la reprise avec énergie et confiance. 
Au programme : des investissements, des recrutements, un environnement de travail optimisé, le tout nourri par une réflexion  permanente sur la responsabilité sociale et environnementale de l’entreprise. Entretien avec Edouard Ducerf, PDG du Groupe. 

Edouard Ducerf, PDG du Groupe

Quels enseignements tirez-vous de cette année 2020, si particulière ?

Pour le Groupe, l’année 2020 a été stable, avec un CA sensiblement égal à celui de 2019. Aujourd’hui la construction tire la demande mondiale de bois avec une offre qui reste en sous régime, notamment dans certains pays très impactés par la crise sanitaire, comme le Brésil. La pandémie a bouleversée les flux mondiaux traditionnels du bois et contribué à des tensions sur les marchés, avec des phénomènes de pénurie et d’escalade des prix. Mais cette bulle spéculative est très conjoncturelle, elle s’explique principalement par un réflexe de peur psychologique de manquer.
Ce contexte incertain et fluctuant, nous a appris à être encore plus agiles et réactifs, à jongler pour saisir les opportunités, en particulier le boom du marché de l’ameublement, avec une augmentation conséquente des investissements consacrés à la maison ou encore la diversification de nos marchés à l’export.

Aujourd’hui, quelles sont les perspectives ?

Elles sont favorables, la reprise est bien là et nous laisse entrevoir une progression de CA en 2021. La prochaine sortie de la Réglementation Environnementale 2020 constitue une réelle opportunité pour la filière bois, à condition d’être attentifs. Nous travaillons à 95% avec du chêne, une ressource dont le temps de production est de l’ordre de deux siècles, un temps bien différent des cycles économiques du moment. On doit s’interroger le dépérissement des essences et l’impact du réchauffement climatique sur l’évolution de la forêt. Face à ces enjeux, il faut accompagner la filière, la moderniser, la soutenir mais aussi rester raisonnable sur ses capacités de production.

Vous évoquez les exigences de modernisation ; quelles sont celles que vous avez entreprises à l’échelle du Groupe ?

Notre ambition est de renforcer notre leadership, mais pas à n’importe quelles conditions. Chaque investissement est pensé et mis en œuvre pour concilier l’amélioration de nos performances de production, la qualité du cadre de travail de nos collaborateurs et le moindre impact environnemental. Nous investissons actuellement dans le 4.O en équipant toutes nos machines de terminaux informatiques, en déployant la fibre sur tous nos sites, en optimisant les systèmes d’information pour fiabiliser les données de production, mieux gérer nos stocks à l’échelle du Groupe et gagner en efficience. Ces évolutions technologiques s’accompagnent de formations et d’accompagnement de nos équipes. Un autre projet en cours de réalisation est la construction de deux nouveaux hangars de stockage de bois qui seront équipés de panneaux photovoltaïques, pour tendre rapidement vers l’autoconsommation. Les prix de l’énergie vont augmenter, c’est important de l’anticiper, tout en contribuant à la transition énergétique. Nous avons déjà depuis plusieurs dizaines d’années des séchoirs à bois alimentés par des chaufferies biomasse qui produisent de l’énergie à partir des déchets de bois que l’on ne peut pas utiliser. 

Comment dépassez-vous les tensions dans le recrutement qui affectent l’industrie du bois ?

En 2021, nous allons recruter 15 nouveaux collaborateurs. Pour les attirer nous travaillons beaucoup sur notre « marque employeur », parce nous voulons faire partager notre vision, notre manière d’être et de penser notre activité professionnelle en cohérence avec les enjeux du monde. Nous sommes très actifs sur les réseaux sociaux, et développons des partenariats avec les écoles et centres de formation. Prochainement, nous allons organiser une Journée Portes Ouvertes pour faire découvrir nos métiers et casser certaines idées reçues. Les postes en ateliers que nous proposons sont attractifs car nous les aménageons pour les rendre plus ergonomiques, notamment en automatisant les transferts de flux et réduire la pénibilité. Ces investissements sont du gagnant-gagnant car ils combinent des gains de productivité et un confort de travail. C’est un cercle vertueux !