01 septembre 2020

La crise, une opportunité pour la filière bois !

Vanessa Giraud est Directrice de la Stratégie du Capital Développement et Directrice du Fonds Bois et Eco-Matériaux chez Bpifrance. Elle est notamment en charge des fonds Bois, fonds d’investissement dédiés aux entreprises de la filière bois. Elle nous livre aujourd’hui sa vision de la crise que nous traversons mais elle donne également des conseils aux acteurs de la filière pour transformer la crise en opportunité et réussir la relance.

Comment la filière bois a-t-elle traversé cette crise sans précédent ? 

Vanessa Giraud_0.jpgIl est encore un peu tôt pour dresser un bilan de la crise. Néanmoins, ce que l’on peut observer, c'est que la filière bois a su s’adapter. Chaque activité de la filière a vécu la crise de façon différente, mais j’ai trouvé que d’une façon générale, les dirigeants ont fait preuve de sang-froid face à cette situation inédite, mais aussi de résilience et de solidarité. Les entreprises de la filière sont pour la plupart des structures familiales où le dialogue social fonctionne bien, avec de la confiance et de l’échange. Les salariés sont restés mobilisés. Le rebond a été plutôt dynamique, stimulé par une bonne organisation des entreprises, mais aussi par une demande soutenue du secteur du meuble et le redémarrage de la construction. Cependant, nous manquons de visibilité et il se peut qu’il y ait des contre coups dans quelques mois, par exemple dans la construction du fait des retards pris dans la délivrance des permis de construire.  

Quels sont les principaux enseignements à retenir de cette crise ? 

Cette crise, comme toutes les crises, a accéléré les tendances qui étaient à l’œuvre. Mais une chose est sûre, parmi ces tendances, la crise a conduit les entreprises, tous secteurs confondus, à s’engager, de façon très rapide dans la digitalisation ce qui s’est avéré être une solution efficace sur de nombreux sujets. Par exemple, durant le confinement, toutes les ventes de bois façonnés ONF ont été réalisées en ligne. De même, grâce au digital, la traçabilité des approvisionnements est désormais assurée au niveau mondial… Cette tendance de fond, que nous soutenons, va encore s’amplifier à l’avenir.
Par ailleurs, le bois, en tant que premier matériau bio sourcé va bien sûr accompagner la transition écologique. La montée en puissance des préoccupations climatiques et la volonté de souveraineté dans nos approvisionnements profiteront au bois transformé en France. 

Sur quels leviers la filière va-t-elle pouvoir s’appuyer pour activer sa relance ? 

Après la période de confinement, les français se sont recentrés sur leur habitat. Ils envisagent d’autres cadres de vie, avec d’autres espaces comme une terrasse, une extension bois… Ils réaménagent leur intérieur pour optimiser leur lieu de vie, les rendre plus confortables et modulables. De même, les lieux qui accueillent le public et les espaces de travail vont évoluer, ils vont s’adapter aux nouvelles contraintes apparues avec les mesures sanitaires. L’offre française (design, fabrication, mise en œuvre) a une véritable carte à jouer face à ces nouvelles demandes. L’initiative de l’Ameublement Français qui vient de lancer la campagne « Meublez-vous français » est à ce titre remarquable, car elle illustre le dynamisme de ses acteurs en sortie de crise et l’esprit filière et French Fab que nous promouvons chez Bpifrance.
 

Comment Bpifrance accompagne-t-il les entreprises du bois dans cette crise ? 

Bpifrance a considérablement développé l’accompagnement des entreprises, en complément de l’investissement et du financement. Nos équipes d’accompagnement ont très vite adapté leurs actions au contexte de la crise (passage en tout digital du fait du confinement, réalisations de « care calls » et « d’expert calls » pour soutenir et conseiller les dirigeants, etc.)
Par ailleurs, nous développons et animons des Accélérateurs pour les PME et ETI françaises. Il s’agit de programmes d’accompagnement de la croissance sur mesure, d’une durée de de 18 à 24 mois, réunissant des promotions de PME et d’ETI. Tous ces programmes se sont également adaptés pour répondre aux attentes des entreprises suite à la crise. La filière bois, parmi d’autres filières, dispose de son propre Accélérateur, focalisé sur le redémarrage de l’activité.
 

Quels sont les outils financiers de Bpifrance à disposition des entreprises de la filière ?

En plus de nos outils généralistes (pour tous les secteurs), nous avons développé une gamme d’instruments dédiés à la filière bois (des enveloppes consacrées exclusivement à la filière). Nous avons commencé suite à la tempête de 2009, avec la création du premier Fonds Bois, fonds d’investissement dédié aux entreprises de transformation de la filière bois. En 2014, nous avons créé un 2ème Fonds Bois (dédié à la filière bois et au meuble) et nous lançons cette année la 3ème génération, dédiée au bois, au meuble et aux éco-matériaux. Avec une enveloppe de 60 à 80 M€, il sera plus important que ses prédécesseurs. Ses tickets d’intervention se situeront principalement entre 1 et 7 M€, pour accompagner les projets de développement ou de transmission dans la filière. Ce fonds investira en fonds propres et quasi fonds propres pour accompagner la croissance des entreprises de la filière et comme tous les fonds de Bpifrance, toujours en position minoritaire. Nous disposons également d’une gamme de prêts dédiée à la filière : le prêt filière bois (de 300 000 € à 1 M €) et le prêt participatif bois (de 40 000 à 300 000 €).
Enfin, nous garantissons les cautions de coupe de bois.
 

Si vous aviez un conseil à donner aux entreprises de la filière pour activer la relance, quel serait-il ?

Les crises sont source de risques, mais elles peuvent également être source d’opportunités. Quand on vit une rupture comme celle-ci, c’est le moment d’accélérer les changements et les mutations, souvent ajournée par manque de temps.  Pour réussir cette relance, il est important d’agir en adéquation avec les nouvelles attentes, en lien avec l’environnement et les circuits courts et d’investir sur le numérique, l’agilité et la flexibilité de l’organisation. 
On dit souvent que dans les tempêtes, on reconnait les grands capitaines mais on reconnait aussi les meilleurs équipages. Il est important de bien choisir les gens qui vous entourent, ses collaborateurs, mais aussi ses partenaires, commerciaux et financiers comme ses fournisseurs. Enfin quand on s’engage dans des plans de transformation, il faut être bien accompagné, miser sur des associés qui partagent votre vision, ont la capacité de vous suivre sur le long terme, et enrichissent votre écosystème pour échanger, partager, être moins seuls. 
 

Pour en savoir plus :
www.bpifrance.fr