29 avril 2019

Les scieries affûtent leurs performances

Très fragilisé par la crise de 2008, le secteur de la première transformation accélère sa mutation. Avec un credo : améliorer les performances du sciage en conjuguant numérisation et automatisation. Regards sur les opportunités de la scierie 4.0.

Opérer un saut industriel, optimiser les stocks, les schémas de coupe, l’utilisation des machines, mais aussi les conditions de travail, voilà les enjeux que doit relever le secteur de la 1ère transformation. En ligne de mire des machines connectées qui garantissent une productivité et une flexibilité accrues, assurent de meilleurs rendements et limitent les arrêts machines.

« Toutes les scieries équipées d’un canter qui optimise le traitement des billons sont déjà au cœur de la scierie 4.0 » explique Nicolas Douzin, délégué régional de la Fédération Nationale du Bois. Un niveau d’équipement gage d’une performance accrue, car les gros bois constituent une part importante de la ressource disponible en forêt. Hier réservé aux grandes scieries, le canter s’est largement développé dans des scieries de taille plus modeste en assurant un quasi doublement des capacités de production.


La scierie 4.0 promet d’envoyer du bois

thumbnail_20160601_160347_0_0.jpgMais ce sont les lignes de production entièrement automatisées et numérisées, qui demain, seront en mesure de tirer la filière vers plus de compétitivité. Dans une ligne de sciage robotisée et connectée, le scanner 3D réalise une prise de vue de la grume et détermine l’orientation dans l’espace qui permettra un traitement optimum en minimisant les chutes. Pas la peine de trier en amont, chaque grume est analysée et traitée individuellement. A partir du scan, la ligne de sciage se met en route pour aboutir au produit fini souhaité.

Les machines, équipées de modules d’intelligence artificielle, sont interconnectées et informent les autres de ce qu’elles ont fait et de ce qu’il reste à faire. Des caméras intelligentes sont également positionnées sur la ligne de sciage pour remplacer l’œil humain. Tout est enregistré et peut donc être analysé, pour corriger et anticiper. La production est fluide, sans arrêt et avec un rendement maximum. Adaptée à des structures en capacité de traiter 200 à 500 m3 par jour, la scierie 4.0 nécessite des investissements conséquents, de l’ordre de 3 à 5 millions d’€.


Du matériel au service

Un niveau d’investissement qui explique que rares sont les scieries équipées d’une ligne complète de production 4.0 en France. Le groupe Finega, qui se positionne sur cette offre, en a installé une récemment en Bretagne pour Aprobois, une scierie de résineux, fabricants de palettes et de caisses. L’entreprise transforme chaque jour 220 m3 de bois rond soit plus de 50 000 m3 de résineux à l’année et représente plus de 70% des capacités de sciage du département du Finistère. Les premiers résultats démontrent une augmentation de la productivité de 5 à 6 points, supérieure aux objectifs fixés au départ.

Dans la scierie 4.0, machines et services se confondent. Le fabricant de machine ne se limite pas à installer l’équipement, il devient un partenaire de l’exploitation, ce qui l’amène à développer une offre de services associée comprenant le traitement et l’analyse des données recueillies par les systèmes d’intelligence artificielle, pour optimiser la production et assurer la maintenance prédictive du parc. Comme le rappelle Olivier Dario, délégué général du Symop « Il faut comprendre que l’utilisation de la machine permet de vendre de la performance, du résultat, une accroissement significatif des m3 taillés. De fait, dans l’avenir peut être que les machines ne seront plus vendues, mais louées ».